Hamble
Dernière mise à jour : 3 mars
FORMATION DE SKIPPER
Je reviens tout juste de Hamble, petite ville du sud de l'Angleterre qui donne sur la rivière du même nom. Situé proche de Southampton et de l'île de Wight, son port a un accès privilégié au Solent et à la Manche. La double marée qui y a lieu est un phénomène tout à fait particulier qui en fait un terrain de jeu idéal pour l'apprentissage de la voile.
Après avoir réalisé une première formation de voile à Le Crouesty en Bretagne et atteint le niveau de Competent Crew, j'ai souhaité poursuivre mon cursus au sein de la Royal Yachting Association (RYA), école internationale de voile avec une grande renommée. En plus d'offrir une formation de qualité, elle permet d'acquérir des compétences reconnues partout dans le monde. Pour cette deuxième formation, mon choix s'est porté sur l'école Hamble School of Yachting de la RYA.
Hamble
Je dépose enfin mon sac sur le trottoir de la seule route qui passe à proximité du petit arrêt de train. Il y a du vent, et par moment un peu de pluie. Je dois remettre mon pull. Le meilleur du mois de juillet anglais me dira-t-on ! Judy et son mari Jim finissent par arriver au volant de leur Mini, du mauvais côté de la route.
Cette petite ville est typiquement anglaise. Maisons en briques rouges, allées pavées descendant jusqu'au bord de l'eau, authentiques pubs avec leurs enseignes au style médiéval. C'est tout petit, et c'est charmant. Je suis heureux de pouvoir contempler cette scène depuis la fenêtre de ma jolie chambre. Je m'y sens bien !
De retour sur les bancs de l'école
Me voilà parti pour 4 jours de théorie de voile ! Chaque matin, je marche une vingtaine de minutes pour rejoindre l'école. Pour cette formation de Day Skipper nous sommes huit. Tous sont anglais sauf un Italien et moi. Les journées sont très denses, il y a énormément de matière à maîtriser dans de nombreux domaines. Tout est en anglais bien sûr, je dois m'accrocher. À plusieurs reprises, j'ai pensé à mes élèves. J'avais fini par me dire que cette sensation d'avoir tout oublié lors d'un examen était le signe d'une préparation hâtive. Cette dernière épreuve aura au moins eu le mérite de réviser ce jugement. Il aura fallu un effort conscient pour réussir à remobiliser mes connaissances et réussir cette première épreuve.
Au gré des marées
À présent, c'est sur l'eau qu'il faudra faire nos preuves durant les 6 prochains jours. Le groupe est séparé en deux. Quatre candidats sur chaque bateau. C'est à bord du True Colors, un élégant voilier de 37 pieds, que nous faisons la connaissance de George, notre jeune instructeur. Il n'a que 22 ans mais est certainement né au fond d'une cale. Il a ça dans le sang et dans les doigts, vu leur diamètre... À présent, nous devons ravitailler le navire et c'est plusieurs caisses remplies de victuailles que nous chargeons à bord. Il faudra s'habituer à cohabiter avec de presque inconnus dans un espace réduit (et souvent humide) où chaque chose a sa place. Après un petit briefing et un contrôle minutieux de notre embarcation, nous détachons les amarres et filons vers Cowes, ville emblématique de l'île de Wight, nous y passerons la nuit.
Les jours suivants sont intenses et les exercices s'enchaînent : navigation (diurnes et nocturnes), pilotages, manoeuvres, sauvetage en mer. Il faut se concentrer, faire en sorte que les éléments significatifs relevés sur la carte prennent vie dans le contexte environnant. Tant de bonnes décisions à prendre pour éviter les dangers. Et toutes ces questions aussi auxquelles nous devons répondre. Mais j'apprécie ce rythme. Pour apprendre, il faut s'y frotter, et franchement. Ce que j'aime, surtout, c'est quand le bateau penche sous le poids du vent et que sa coque s'abat sur les vagues, les brisant en mille éclaboussures qui s'abattent sur moi. Ses mouvements me bercent, j'aime sa façon de danser. Je pense souvent à cet Atlantique, et dans l'espace d'un instant j'imagine son horizon, là tout autour. Cette sensation d'infini, le goût de cette liberté, le sel sur le bout de mes lèvres. Tout ça existe déjà, là, maintenant.
Le temps est venu. Il faut déjà quitter le True Colors après l'avoir passé sous le crible des éponges et des brosses. Enlever les traces du vent, de l'eau salée et celles disséminées par la hâte. Lui redonner tout son éclat pour qu'il puisse à nouveau briller dans les yeux des prochains matelots.
C'est avec une solide poignée de main et des félicitations simples mais sincères que Georges me remet mon brevet de skipper.
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